ROSAIRE POUR LA PAIX –Bonne Nuit de Antonio Boccia
Coordinateur Mondial des SSCC (Salésiens Coopérateurs de Don Bosco)
Traduit de l’Italien
par Valérie PIANTA
Coordinatrice du
centre de Trient en Suisse
Le temps de l’épreuve est un moment de vérité
pour sa propre foi
Pensons aux moments d’épreuves
qu’il nous arrive de devoir traverser dans notre propre vie ; cela peut être la
maladie… la perte de travail…des conflits au sein de la famille… la pandémie…la
guerre.
Ces moments doivent
être affrontés avec honnêteté en ce qui concerne la foi.
Qui dans ces
situations, n’a jamais dit : Dieu, où es-tu ? Pourquoi cet enfant souffre-t- -il
? pourquoi cela m’arrive- t-il justement à moi ? Je n’en peux plus!
Cela ne veut pas dire
que nous n’avons pas la foi. Ces demandes sont plus que légitimes parce
qu’elles sont l’expression de notre humanité. Mais il est nécessaire, dans ces
moments, de trouver la force pour fortifier notre foi.
C’est le sens de la
phrase :
Le temps de
l’épreuve est un moment de vérité pour sa propre foi
Ce n’est qu’en nous posant
avec honnêteté, donc avec une conscience de vérité, à l’égard de ce qui arrive,
aussi au niveau personnel, que nous vérifions où nous en sommes sur notre
chemin de foi, à quel point notre foi s’écarte de ce que le Christ nous dit
toujours dans chaque situation.
Souvent, on entend dire
: « ce n’est pas juste de mourir ainsi… ou bien, ils doivent le mettre en
prison et jeter la clé…finalement justice a été faite… finalement la vengeance
est accomplie… ». Nous l’avons vécu durant ces deux dernières années avec
la pandémie et nous le vivons maintenant.
Jusqu’à l’autre jour,
nous connaissions le nombre exact de contaminations, d’hospitalisations en
soins intensifs, de morts. Maintenant, ce ne sont plus les premières nouvelles
de l’information ! Maintenant, ce sont le nombre de missiles, les litres
de carburant qu’on peut acheter, qui fuit la guerre, la longueur des queues de
voitures, que nous connaissons !
Tout cela fait du
vacarme dans notre cœur et nous avons tendance à « nous ranger »
plutôt d’un côté que de l’autre ; nous le faisons en faisant le « copié
collé » d’informations.
Mais comment faire pour
« vérifier » ce décalage du Christ et depuis quand l’Eglise l’annonce-elle ?
Une des manières de
vérifier cela est de regarder comment nous prions.
Ce soir, nous avons
demandé au Seigneur la paix, de faire cesser la guerre, mais quel est le sens
profond d’une vraie prière pour la paix, qui soit une intercession au sens
biblique ?
En prenant appui sur une homélie du Cardinal
Martini
Intercéder ne veut pas
simplement dire « prier pour quelqu’un », comme nous le pensons
souvent.
Étymologiquement cela
signifie “intervenir…s’interposer…intervenir pour… » de manière à se
mettre au milieu d’une situation.
L’intercession
signifie alors que l’on se met là où le conflit a lieu, se mettre entre les
deux parties en conflit.
Il ne s’agit pas
seulement d’exprimer un besoin devant Dieu (Seigneur, donne-nous la paix), en
étant à l’abri. Il s’agit de se mettre au milieu !
Ce n’est pas non plus
simplement assumer la fonction d’arbitre ou de médiateur, en cherchant à
convaincre l’une des deux parties qu’elle a tort et qu’elle doit céder, ou
aussi inviter les deux parties à faire quelques concessions réciproques, à
parvenir à un compromis.
En agissant ainsi,
nous serions encore dans le camp de la politique et de ses maigres
ressources. Celui qui se comporte ainsi
demeure étranger au conflit, et peut s’en aller n’importe quand, probablement
en se lamentant de ne pas être entendu.
Intercéder est un
comportement beaucoup plus sérieux, grave et engageant, c’est quelque chose de
beaucoup plus « dangereux » en fait.
Intercéder c’est être
là, sans se mouvoir, sans échappatoire, en cherchant à mettre la main sur
l’épaule des deux et en acceptant le risque de cette position.
Non pas être quelqu’un
de lointain et qui exhorte à la paix ou à prier vaguement pour la paix, mais
plutôt quelqu’un qui se mette au milieu, qui pénètre au cœur de la situation,
qui étend les bras à droite et à gauche pour unifier, pacifier… c’est la
position de Jésus sur la Croix…entre deux personnes symbole de nos fragilités.
C’est cela
l’intercession chrétienne évangélique.
Pour celle-ci, il est
nécessaire d’avoir une double solidarité. Une telle solidarité est un élément
indispensable à l’acte d’intercession.
Je dois pouvoir et
vouloir embrasser avec amour et sans arrière- pensées toutes les parties
concernées.
Je dois résister dans
cette situation même si je ne suis pas compris et repoussé par l’une ou l’autre
partie, même si je paie de ma personne.
Je dois persévérer
même dans la solitude et l’abandon.
Je dois seulement
avoir confiance dans la puissance de Dieu, je dois faire honneur à la foi en
Celui qui ressuscite les morts.
Une telle foi est
difficile, c’est pour cela que la véritable intercession est difficile.
Mais si on n’y tend
pas, notre prière sera faite avec les lèvres, mais pas avec la vie.
Naturellement une telle
attitude ne piétine aucunement les exigences de la justice. Je ne peux jamais
mettre sur le même plan les assassins et les victimes transgresseurs de la loi
et défenseurs de cette même loi.
Mais quand je regarde
les personnes, aucune ne m’est indifférente, pour aucune, je n’éprouve de la
haine ou j’ose poser un jugement intérieur, et jamais je ne choisis d’être du
côté de celui qui souffre pour maudire celui qui fait souffrir.
Jésus ne maudit pas
qui le crucifie mais il meurt aussi pour lui en disant : « Père, ils
ne savent pas ce qu’ils font pardonne-leur » (Lc 23,34).
Si une prière ne
rejoint pas cette double solidarité, si on intercède pour que le Seigneur
secourt l’un et abatte l’autre, on ignore encore le besoin de salut de celui
qui est éventuellement en tort, de celui qui a choisi contre Dieu et contre son
frère, on l’abandonne, on ne lui met pas la main sur l’épaule, la prière n’est
pas une prière d’intercession.
De la manière donc
dont nous faisons des choix exclusifs dans notre cœur, avec laquelle nous
condamnons et jugeons, nous ne sommes plus avec Jésus Christ, dans la situation
que lui a choisie, et nous devons douter de la validité et de l’authenticité de
notre prière d’intercession.
Alors on comprend la
phrase que je vous ai proposée au début :
Le temps de
l’épreuve est un moment de vérité pour sa propre foi
Bonne nuit et bon chemin de Carême, en méditant peut-être ces choses.