dimanche 6 mars 2022

ROSAIRE POUR LA PAIX – Mot du soir de Antonio Boccia, Coordinateur Mondial des Salésiens Coopérateurs de Don Bosco

 

Prot.: 004/2022

Roma, 26 febbraio 2022

ROSAIRE POUR LA PAIX –Bonne Nuit de Antonio Boccia

Coordinateur Mondial des SSCC (Salésiens Coopérateurs de Don Bosco)

 Traduit de l’Italien par Valérie PIANTA

Coordinatrice du centre de Trient en Suisse

 Le temps de l’épreuve est un moment de vérité pour sa propre foi

 Pensons aux moments d’épreuves qu’il nous arrive de devoir traverser dans notre propre vie ; cela peut être la maladie… la perte de travail…des conflits au sein de la famille… la pandémie…la guerre.

 Ces moments doivent être affrontés avec honnêteté en ce qui concerne la foi.

 Qui dans ces situations, n’a jamais dit : Dieu, où es-tu ? Pourquoi cet enfant souffre-t- -il ? pourquoi cela m’arrive- t-il justement à moi ? Je n’en peux plus!

 Cela ne veut pas dire que nous n’avons pas la foi. Ces demandes sont plus que légitimes parce qu’elles sont l’expression de notre humanité. Mais il est nécessaire, dans ces moments, de trouver la force pour fortifier notre foi.

C’est le sens de la phrase :

Le temps de l’épreuve est un moment de vérité pour sa propre foi

 Ce n’est qu’en nous posant avec honnêteté, donc avec une conscience de vérité, à l’égard de ce qui arrive, aussi au niveau personnel, que nous vérifions où nous en sommes sur notre chemin de foi, à quel point notre foi s’écarte de ce que le Christ nous dit toujours dans chaque situation.

 Souvent, on entend dire : « ce n’est pas juste de mourir ainsi… ou bien, ils doivent le mettre en prison et jeter la clé…finalement justice a été faite… finalement la vengeance est accomplie… ». Nous l’avons vécu durant ces deux dernières années avec la pandémie et nous le vivons maintenant.

 Jusqu’à l’autre jour, nous connaissions le nombre exact de contaminations, d’hospitalisations en soins intensifs, de morts. Maintenant, ce ne sont plus les premières nouvelles de l’information ! Maintenant, ce sont le nombre de missiles, les litres de carburant qu’on peut acheter, qui fuit la guerre, la longueur des queues de voitures, que nous connaissons !

 Tout cela fait du vacarme dans notre cœur et nous avons tendance à « nous ranger » plutôt d’un côté que de l’autre ; nous le faisons en faisant le « copié collé » d’informations.

Mais comment faire pour « vérifier » ce décalage du Christ et depuis quand l’Eglise l’annonce-elle ?

 Une des manières de vérifier cela est de regarder comment nous prions.

 Ce soir, nous avons demandé au Seigneur la paix, de faire cesser la guerre, mais quel est le sens profond d’une vraie prière pour la paix, qui soit une intercession au sens biblique ?

 En prenant appui sur une homélie du Cardinal Martini

 Intercéder ne veut pas simplement dire « prier pour quelqu’un », comme nous le pensons souvent.

 Étymologiquement cela signifie “intervenir…s’interposer…intervenir pour… » de manière à se mettre au milieu d’une situation.

 L’intercession signifie alors que l’on se met là où le conflit a lieu, se mettre entre les deux parties en conflit.

 Il ne s’agit pas seulement d’exprimer un besoin devant Dieu (Seigneur, donne-nous la paix), en étant à l’abri. Il s’agit de se mettre au milieu !

 Ce n’est pas non plus simplement assumer la fonction d’arbitre ou de médiateur, en cherchant à convaincre l’une des deux parties qu’elle a tort et qu’elle doit céder, ou aussi inviter les deux parties à faire quelques concessions réciproques, à parvenir à un compromis.

 En agissant ainsi, nous serions encore dans le camp de la politique et de ses maigres ressources.  Celui qui se comporte ainsi demeure étranger au conflit, et peut s’en aller n’importe quand, probablement en se lamentant de ne pas être entendu.

 Intercéder est un comportement beaucoup plus sérieux, grave et engageant, c’est quelque chose de beaucoup plus « dangereux » en fait.

 Intercéder c’est être là, sans se mouvoir, sans échappatoire, en cherchant à mettre la main sur l’épaule des deux et en acceptant le risque de cette position.

 Non pas être quelqu’un de lointain et qui exhorte à la paix ou à prier vaguement pour la paix, mais plutôt quelqu’un qui se mette au milieu, qui pénètre au cœur de la situation, qui étend les bras à droite et à gauche pour unifier, pacifier… c’est la position de Jésus sur la Croix…entre deux personnes symbole de nos fragilités.

 C’est cela l’intercession chrétienne évangélique.

Pour celle-ci, il est nécessaire d’avoir une double solidarité. Une telle solidarité est un élément indispensable à l’acte d’intercession.

Je dois pouvoir et vouloir embrasser avec amour et sans arrière- pensées toutes les parties concernées.

 Je dois résister dans cette situation même si je ne suis pas compris et repoussé par l’une ou l’autre partie, même si je paie de ma personne.  

 Je dois persévérer même dans la solitude et l’abandon.

 Je dois seulement avoir confiance dans la puissance de Dieu, je dois faire honneur à la foi en Celui qui ressuscite les morts.

 Une telle foi est difficile, c’est pour cela que la véritable intercession est difficile.

Mais si on n’y tend pas, notre prière sera faite avec les lèvres, mais pas avec la vie.

 Naturellement une telle attitude ne piétine aucunement les exigences de la justice. Je ne peux jamais mettre sur le même plan les assassins et les victimes transgresseurs de la loi et défenseurs de cette même loi.

 Mais quand je regarde les personnes, aucune ne m’est indifférente, pour aucune, je n’éprouve de la haine ou j’ose poser un jugement intérieur, et jamais je ne choisis d’être du côté de celui qui souffre pour maudire celui qui fait souffrir.

 Jésus ne maudit pas qui le crucifie mais il meurt aussi pour lui en disant : « Père, ils ne savent pas ce qu’ils font pardonne-leur » (Lc 23,34).

 Si une prière ne rejoint pas cette double solidarité, si on intercède pour que le Seigneur secourt l’un et abatte l’autre, on ignore encore le besoin de salut de celui qui est éventuellement en tort, de celui qui a choisi contre Dieu et contre son frère, on l’abandonne, on ne lui met pas la main sur l’épaule, la prière n’est pas une prière d’intercession.

 De la manière donc dont nous faisons des choix exclusifs dans notre cœur, avec laquelle nous condamnons et jugeons, nous ne sommes plus avec Jésus Christ, dans la situation que lui a choisie, et nous devons douter de la validité et de l’authenticité de notre prière d’intercession.

Alors on comprend la phrase que je vous ai proposée au début :

 Le temps de l’épreuve est un moment de vérité pour sa propre foi

 Bonne nuit et bon chemin de Carême, en méditant peut-être ces choses.

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